In Memoriam.

Publié le par Pascal Dufrénoy

In Memoriam.

 


 Sur les Hauts de Meuse au Sud de Verdun
Ton grand Meaulnes est couché dans la fosse commune.
In Memoriam
4 avril à la Woëvre, Grand Gibus à bien froid
Tes boutons, cher Louis, luisent sur ta capote… Ensanglantée…
In Memoriam
1916 est là, sur la ligne de front…
Le cheval Bleu de Franz l’emporte vers les brumes.
In Memoriam
Comme ton ami Franz Marc, August tu préférais
Au fracas des canon, le soyeux des pinceaux…
In Memoriam
Au fond de la tranchée, Charles Péguy s’endort
Son rêve de papier s’enfuit dans un sanglot
In Memoriam
C’est l’Espagne de 36, le sang qui coule à flot

Ton chant, Fédérico, s’est figé dans ta gorge
In Memoriam
4 août 44, il fait chaud en Hollande
Anne regarde au loin les quais qui disparaissent…
In Memoriam
On croit les guerres finies, elles ne font que dormir…
Lounes Matoub est mort, chanteur et puis, martyr…
In Memoriam

Ce matin, je regarde les larges rayons vides
De ma bibliothèque mille fois parcourue.
Je pense à tous ceux qui, au hasard de la vie,
Se sont tus pour toujours et ne reviendrons plus.
Tous ces dormeurs du val, tous ces fragments d’étoiles…
Tous ceux qui ont écrit, dessiné ou parlé
Toux ceux qui ont vécu simplement pour aimer…
Des témoins, des acteurs, des amours décimés.
Il n’existe aucun petit destin, que la vie toute crue…

La vie qui saigne, malheureusement, trop rouge.
Tous ceux qui n’écriront pas, qui ne peindront jamais
Ceux qui dont les sculptures resteront des rochers…
Ceux qui n’aimeront pas, mais qui seront aimés…
La passion se flétrie à tant de barbaries…
Ce matin, je regarde les larges rayons vides
De ma petite vie mille fois parcourue
Je pense à tous mes frères, mes sœurs d’humanité
Tous ceux qui ont vécu, toutes celles qui ont aimé.
Ne jamais oublier…
Garder sa vigilance…
Combattre la bêtise, la banque et ses valets…
Aimer, penser, écrire, peindre, sculpter, faire la vie et l’amour
Et ne plus avoir peur…
Ce matin, je regarde les rues encore vides
Et je pense à mon père bien trop tôt disparu…
In Memoriam



« Rien n'est plus vivant qu'un souvenir »
Federico Garcia Lorca

 

Publié dans Chroniques

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